Ce texte, je l’ai écrit dans le but de le proposer au magazine “Je bouquine” dans le cadre du feuilleton écrit par les lecteurs “le collège de la lune verte”. Pour plus d’infos, rendez-vous sur le site du magazine. Le passage en gras a été imposé.

Elle vit là. Tout au fond de l’océan, à un endroit plus profond encore que la plus sombre des fausses marines. Elle m’a mise au monde. Cette créature sans forme ni couleur, c’est ma mère, et je ne l’ai jamais vue. Et pour cause : elle n’existe que dans mon imagination. Je n’ai pas de mère ; pas de père non plus. On m’a créé dans un laboratoire, assemblé pièces par pièces, en suivant sans doute des plans très compliqués et pas tout à fait au point. Je n’aurai jamais de famille, jamais de mère. C’est pour ça que je l’imagine, un peu comme une déesse, au fond de l’océan. C’est ma “mère”, peu importe si elle n’existe pas. Ça me rend un peu humain. Je suppose que je devrais être triste d’être seul et condamné à le rester. Mais j’en suis incapable. Si les scientifiques qui m’ont créé m’ont permis de penser, ils n’ont pas su m'insuffler une âme, des sentiments.

“Hé, toi ! Oui, toi, le pantin articulé, pousse-toi de là !” Choqué ? Apeuré ? Surpris ? Si j’avais été humain, voilà peut-être ce que j’aurais ressenti en voyant ce groupe de collégiens qui viennent de me bousculer sans scrupule. J’espère que mes réseaux ne sont pas endommagés. Que fait-je ici ? Je ne m’en souviens plus. Tout ce que je sais, c’est que je n’ai rien à faire là. Personne n’est comme moi au collège de la Lune Verte : certains élèves ont des malformations, voir des Talents, en général liés aux explosions des centrales nucléaires, 5 ans avant la Grande Catastrophe. Mais ce n’est rien comparé au fait qu’aucune goûte de sang ne coule dans mes veines (je n’en ai même pas) et que je ne pourrai jamais ne serait-ce que goûter à une assiette de Tample, le plat préféré de tous les adolescents… Oh ! J’aimerais tant être humain !